Visa pour l'image Tes2 – Clotilde Mazet | Fiona Lehmann | Mathilde Barthes





VISA POUR L'IMAGE
édition 2013


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Trouble

Une exposition d'Andrea Star Reese.

Alors que les maladies mentales sont reconnues et soignées dans nos sociétés, nous n'imaginons pas qu'elles puissent être ignorées, mal ou non traitées et condamnées dans certaines cultures. Pendant près de deux ans, Andrea Star Reese photographia en Indonésie ces malades au sein d'hôpitaux et d'institutions mais aussi au sein de foyers familiaux. Là où est encore pratiqué le pasung (littéralement « contrainte physique »), les malades sont enchaînés et confinés tels des animaux.




Cette femme ci-dessus se nomme Agus et est enfermée dans une cellule avec trois autres patients dans un centre privé. Ici, elle chante en faisant danser ses mains. Elle est nue et entourée de murs de béton.

Cette photo suscita diverses réactions au sein de notre groupe. Cette femme évoqua pour certains une douleur, un déchirement, une représentation de l'horreur et de la fatalité que sont sa maladie et sa situation, son internement. Cependant pour d'autres, cette photo fut éblouissante de beauté. Cette femme inspire une certaine quiétude éclairée par ce puits de lumière. Indifférente à ce qui l'entoure, elle chante et s'évade à partir de rien, joue avec son corps puisqu'elle ne possède rien d'autre. Lorsqu'on regarde simplement cette photo on peut se dire que cette femme incarne une certaine liberté ; sa liberté qu'elle seule peut construire et explorer.


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Sur cette photo, une femme vivant dans la maison de ses parents dans la province de Brebes sur l'île de Java. Elle se nomme Anne et refuse de se nourrir comme il le faudrait. Même si son père pense qu'elle mange assez, son état ne s'améliore pas au grand désarroi de sa famille qui ne sait que faire pour elle.

Encore une fois, cette photo suscita des réactions opposées. Si certains trouvèrent que d'une certaine façon cette femme était belle car elle n'exprimait ni peine ni peur, et qu'elle semblait elle-même. D'autres pensèrent au contraire que cette photo contenait quelque chose d'horrible et de presque morbide car ses yeux, loin d'exprimer ce qu'elle est, n'exprime rien. Ses yeux semblent être vides et sans vie comme si son corps décharné était la seule chose qu'il restait de cette personne et qu'elle ne vivait plus à l'intérieur.



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Kinshasa magique :
entre artistes,chaos et traditions


Une exposition de Pascal Maître.

Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, comptant plus de 10 millions d'habitants, est peuplée par diverses ethnies ayant fuies les différentes guerres congolaises des deux dernières décennies. Ces ethnies aux croyances et rituels propre sont divisées par quartier au sein de cette gigantesque cité et c'est afin de ne pas perdre leur culture et honorer leurs ancêtres que ces anciennes tribus perpétuent leurs anciennes cérémonies.




Sur cette photo, nous pouvons voir des membres du Mbuji Kipawano, des groupes etniques originaires de la province de Katanga, qui procèdent à des cérémonies trois fois par semaines pour maintenir en vie leurs traditions et les transmettre aux jeunes.

Nous fûmes toutes d'accord pour dire que cette photo est sublime. Le maquillage, les costumes bien qu'étant assez simplistes se révèlent être très beaux. Pour ce qui est de la personne au premier plan, elle semble pensive, en train de se préparer peut-être et son regard donne ainsi un sens assez solennel à la photographie.


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Sur la photo ci-dessus, nous pouvons voir des pygmées originaire de la province de l’Équateur. Il faut savoir que le peuple pygmée est à la base un peuple de chasseurs/cueilleurs nomades qui vivaient dans les forêts tropicales ; mais chassés des forêts par l'exploitation de celles-ci ou bien séduits par la vie de sédentaires, ceux-ci quittent peu à peu leurs forêts pour la villes. Cependant, les pygmées n'ayant aucun papiers puisque nés loin de toute vie moderne et souvent stigmatisés sont victimes d'un rejet de la société, de racisme et de précarité. Perpétrer leurs anciennes traditions devient alors leur seul moyen de revendiquer leur ethnie sans craindre la désapprobation du reste de la société.

La photographie semble être une représentation de la transmission du savoir. En effet, l'homme à gauche de la photo semble être plus âgé et regarder l'homme de droite (vraisemblablement plus jeune) d'un regard grave. L'homme plus jeune, lui semble admirer l'homme à gauche de la photo et attendre de lui ; comme s'il attendait les paroles d'un sage. Ainsi l'atmosphère de cette photographie semble paisible.



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Pacification
Rio de Janeiro, Brésil


Une exposition de Rafael Fabrés.

Alors que la Coupe du monde de football de 2014 et les Jeux Olympiques d'été de 2016 approchent,  le gouvernement brésilien a mis en place un programme de sécurité nommé UPP (Unité de Police Pacificatrice) agissant dans les favelas afin de combattre le crime organisé et les trafics de drogue, d'endiguer la violence et d'installer des services & biens publics tels que des réseaux d'électricité, des écoles, des services de ramassages d'ordures, etc...
Ces favelas, bidonvilles gigantesques qui semblent ne jamais cesser de se développer et où vivent des millions de gens deviennent en effet une menace au bon déroulement de ces événements sportifs internationaux dont le Brésil aimerait pouvoir profiter pour attirer touristes, investisseurs et grandes firmes étrangères. Mais certains avancent déjà que cet UPP et ces efforts au sein des favelas n'existent que temporairement, ne servent qu'à masquer les inégalités & profonds problèmes de sécurité et qu'au terme de ces deux événements, après 2016, tout redeviendra comme avant.




Ci-dessus, une vue nocturne de la favela Rocinha, favela la plus peuplée de Rio de Janeiro, sa population étant estimée à 500 000 habitants.

Cette photographie est d'une beauté effrayante et totalement faussée car si ce paysage éclairé de milliers de lumières semble sublime à la nuit tombée, on devine que le jour révèle quant à lui des maisons précaires entassées les unes à côté des autres, les unes sur les autres formant alors la démonstration de la pauvreté de ces millions de personnes subsistant comme elles le peuvent dans ces quartiers improvisés.


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Sur la photo ci-dessus nous pouvons voir quatre policiers lourdement armés membres de l'Unité de Police Pacificatrice qui se trouvent sur une colline surplombant la favela Rocinha et qui surveillent celle-ci.

Encore une fois cette photographie est très belle. Ces fils électriques allant tous vers la favela et les regards des policiers montrent que tout est tourné vers la favela, qu'elle est la centre de toutes les attentions. Mais tout comme pour la photo précédente, se cache un côté effrayant ; en effet, ces policiers si lourdement armés, concentrés sur la favela laissent entendre que ce que montre la photographie n'est que le calme avant la tempête...



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