Kodak, ou la fin d’un règne



 
                                           Un utilisateur d'un ancien appareil kodak



La marque jaune crée par George Eastman en 1880, a changé la vie de milliards de consommateurs tout au long du XXème siècle.
Kodak a popularisé le premier appareil photo grand public en 1888, avec le slogan « Appuyez sur le bouton, nous faisons le reste ». A partir de 1890, G.Eastman a réussi à rendre facile et bon marché la prise de vues photographiques, activité jusqu’alors coûteuse et complexe. Ce sont encore des appareils Kodak qui ont permis de capter certains moments emblématiques du siècle dernier comme l’ascension de l’Everest en 1953 ainsi que les premiers pas sur la Lune en 1969.

Depuis sa création en 1880 jusque dans les années 1990, Kodak a régné sur la photographie. Pourquoi l'entreprise a-t-elle raté le tournant du numérique ?

Pourquoi cette descente aux enfers ? Parce que Kodak, qui avait été le roi de la pellicule, a raté le tournant de la photographie numérique. Et c'est un paradoxe, parce que c'est Kodak lui-même qui a inventé cette technologie en 1978 avec un capteur CCD. Malgré ce début prometteur, Kodak n’a jamais su transformer l’essai. En effet ils n'y ont pas cru, ce sont ses concurrents qui l'ont commercialisée, à ses dépens, et le groupe américain s'est retrouvé en marge du marché. Il ne lui reste plus que ses brevets d'imagerie numérique. Quand il a commencé à émerger, le numérique n'a pas été pris au sérieux par les responsables de l'entreprise. Aux yeux de ses dirigeants, Kodak semblait insubmersible pourtant il semble victime du dilemme de l’innovateur. Parfaitement au courant du développement du numérique, puisqu’elle en était l’investigateur, Kodak n’a pas voulu le promouvoir de manière déterminée pour une raison simple: protéger son activité principale de l’époque, la vente de films argentiques. « Le passage de l’argentique au numérique l’a tuée. 3-4 ans ont suffit pour mettre à terme un règne de plus d’un siècle. il devait maintenir l’ancien, et investir dans le neuf, alors que les nouveaux arrivant n’avaient qu’à investir massivement sur le créneau d’avenir, le numérique. » (Jean-Louis Gombeaud – Economiste)
Dépassé par Sony, Canon et Fuji sur le créneau numérique, Kodak entame son déclin dans les années 1980. La pellicule devient obsolète et Kodak ne parvient pas assez vite à se réinventer sur le créneau des imprimantes ou dans le secteur des logiciels de traitement de l'image, en dépit des produits de qualité. 50% des bénéfices engendrés par Kodak provenaient de ses recherches en laboratoire et du traitement des pellicules, mais à cause de la concurrence évoquée un peu plus haut et de l’effacement des pellicules pour le numérique, Kodak a perdu ce bénéfice et n’a pas su le renouveler. Cette perte de la moitié de son chiffre d’affaire entame sa perdition. Cette faillite, signe l’échec de la politique menée ces dernières années, consistant à concentrer ses efforts sur les imprimantes (marché difficile où kodak s’est heurté à des géants dans le domaine comme HP, Canon, et Epson) et à miser sur le low-cost du coté des appareils photos, autrement dit les appareils photos jetables. 

Le dépôt de bilan annoncé de Kodak marque la fin d’un long déclin d’une icône de l’industrie américaine. Victime du développement de la photo numérique, Kodak n’aura pas réussi à se reconvertir à partir de son métier de chimiste. Un exemple classique d’une entreprise leader dans son domaine qui meurt, incapable de tirer partie d’une nouvelle technologie.. .

 

Aujourdhui, il ne reste pas grand chose de lempire Kodak, à part peut-être son portefeuille de brevet, qui attise les appétits. Que reste-t-il de Kodak dans l'esprit du grand public? Dans le coin de milliers de drugstores aux États-Unis, un kiosque jaune et des consoles pour retoucher et imprimer instantanément des photos numériques par un procédé maison.

 

A la fin des années 2000, Kodak se décide enfin à faire des appareils numériques l’un de ses produits phares, mais c’est malheureusement trop tard pour rattraper le retard, et le marché commence déjà à régresser avec l’arrivée des smartphones. Sans vouloir tirer sur une ambulance, l'avenir de Kodak paraît donc sombre, le groupe risquant de devenir un exemple de "darwinisme capitaliste" : dinosaure assis sur son gigantisme, il n'a pas su s'adapter à un environnement qui a brutalement changé. Les petits mammifères que sont Panasonic, Sony ou Canon ont, eux, bien profité du virage numérique et sont appelés à régner... jusqu'au prochain retournement, peut-être ?

C'est une histoire industrielle de plus de 100 ans qui prend fin. Fini de dire Clic Clac merci Kodak!

  Kasi Ponsard, Mandeix Sébastien



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